Lycée Auguste et Jean Renoir

Lycée – Angers

Pays de la Loire
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Mercredi 30 Octobre, William Marois, Recteur de l’académie de Nantes et Chancelier des universités est venu au festival Premiers Plans à la rencontre des élèves et de leurs enseignants engagés dans plusieurs dispositifs éducatifs mis en œuvre par le festival. Il est en particulier venu rendre visite aux élèves de première spécialité cinéma-audiovisuel du lycée Auguste et Jean Renoir d’Angers et aux étudiants qui écrivent des critiques pendant toute la durée du festival. Les élèves ont échangé avec M. Marois, emmenés par Clémentine, qui a retranscrit l’échange.
M. Marois échange avec conviction sur Costa-Gavras, dans les locaux du festival qui hébergent les jeunes blogeurs

En quoi consiste votre travail ?
Je suis Recteur de l’académie de Nantes et Chancelier des universités, ça veut dire que sur le territoire des Pays de la Loire, je représente deux ministres : le ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer et la ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal. Donc, j’ai la responsabilité de tout ce qui est éducation depuis les enfants de deux ans jusqu’à ceux qui préparent une thèse de doctorat dans les Pays de la Loire, ce qui fait 860 000 « étudiants » et plus de 60 000 personnels.
Pourquoi c’était important de venir à Angers et de venir nous voir en particulier ?
D’abord parce que j’aime beaucoup le cinéma, ça c’est le premier élément, ensuite parce que les organisateurs du festival d’Angers sont très sympas, donc ils m’invitent, et je viens. Troisièmement parce que dès sa création, de ce que j’en ai compris, le festival d’Angers a associé les élèves, et pour moi qui suis responsable des élèves et de l’Éducation Nationale, c’est très important. La participation des élèves n’est pas plaquée comme certaines fois, tout d’un coup. Ici, les élèves sont complètement associés : vous, qui écrivez des critiques, et je viens de voir des élèves qui tournent un mini film pendant 3 heures, et également les élèves qui depuis le début rassemblent les bulletins des spectateurs pour amener au prix du public. Voilà ces trois raisons de ma présence à Angers : mon amour du cinéma, le fait q’on m’invite et que les gens soient sympas – parce que ça, ça compte aussi – et enfin que, vous, les élèves en général, et l’Éducation Nationale soient très étroitement associés.
Est-ce que vous avez un genre ou des films préférés ?
Mes goûts sont assez éclectiques puisque j’aime beaucoup les films de Rohmer, je sais qu’il y a eu à un moment au bac cinéma, un de mes films préférés de Rohmer, Conte d’été. Et puis, cela va vous paraître un peu paradoxal, ringard, mais j’aime beaucoup de Funès. Dans cette édition du Festival, j’ai particulièrement été très content de revoir des films de Costa-Gavras. Pour plusieurs raisons en fait, quand Z est sorti j’avais environ votre âge, j’avais 15 ans. Ensuite l’année d’après, il y a eu L’Aveu. Ces deux films m’ont profondément marqué. Sur l’amour de la démocratie, sur le fait que les extrémistes conduisent à des choses qui sont contraires à la dignité humaine, on a des leçons très importantes. Je ne voyais pas autant de films que vous – je n’ai pas fait une section cinéma – mais je voyais quand même quelques films. Ces deux films m’ont beaucoup marqué. Et puis le temps a passé, vous allez de 1969/70 jusqu’en 2010. J’étais alors Recteur de l’académie de Créteil et dans celle-ci il y a une des deux grandes écoles de cinéma qui est l’école Louis Lumière. Je suis invité à la remise des diplômes de l’école. Comme j’aime le cinéma, comme c’était sympa de m’inviter, j’y vais. Je m’assieds au premier rang. Ça se déroule à la Cinémathèque. Quelqu’un s’assied à côté de moi. Et c’était Costa-Gavras, qui est le président de la Cinémathèque. Ayant le souvenirs de ses films, j’étais très impressionné d’être assis à côté de lui. Il m’a parlé et j’ai trouvé quelqu’un d’une extrême gentillesse. Il se met vraiment à l’écoute des gens et ça m’a beaucoup marqué. A chaque fois je suis allé à la remise des diplômes, pendant 3 années, et à chaque fois on s’est rencontrés. Une des fois il nous a parlé, à mon épouse et à moi, de son prochain film, Le Capital, c’était à l’époque où il le tournait. Et puis ensuite, j’arrive dans l’académie de Nantes. Dans un département d’à côté, en Sarthe, il y a un collège qui a entièrement brûlé, avant que j’arrive. Il a été complètement reconstruit. Pour rompre avec l’ancien collège – il s’agit d’un collège d’éducation prioritaire renforcée – le Conseil Départemental a choisi de donner à ce collège qui mène des actions avec le cinéma, le nom de Costa-Gavras. Et donc je retrouve aussi Costa-Gavras au collège, il était donc là à la dénomination du collège, et puis chaque année il vient voir ce que les élèves réalisent. Et il m’a réexpliqué, quand on s’est vus sur le festival, qu’il suit les élèves. Ils lui envoient ce qu’ils vont faire. Il prend du temps. C’est quelqu’un qui est très pris, mais il passe une journée ou deux avec les élèves du collège en mai ou en juin, c’est ça son extrême gentillesse. Voilà pourquoi j’ai été très content, non seulement de venir au festival, mais aussi de retrouver Costa-Gavras et de voir des films de lui que je ne connaissais pas, puisque je ne connais pas toute sa filmographie. Le film Missing est vraiment dans la veine de Z et de L‘Aveu. Il renforce un peu ce que je vous ai dit sur la démocratie, qu’il faut vraiment préserver de tout ce qui peut arriver, c’est quelque chose de très fragile. Vous allez voir Music Box. Il y a quelque chose de très amusant parce que j’ai vu le film, quand il est sorti, et j’ai découvert récemment qu’il était de Costa-Gavras. A l’époque, j’ai vu le film, et je n’ai pas réalisé que c’était de lui, parce que c’est une production américaine. Vous verrez, c’est un film impressionnant. C’est vraiment un très grand monsieur. Dans le monde du cinéma il y a des grands monsieur mais là, il a une extrême gentillesse. Et donc Angers a eu raison de faire venir et d’honorer Costa-Gavras.
Quel est votre film préféré de Costa-Gavras ?
Z parce que c’est un événement un peu fondateur, parce que c’est par Z que les gens l’ont connu. Et puis c’est un film qui n’a sans doute pas été facile à tourner pour lui, parce que Z c’est la Grèce, avec tout ce qui s’est passé. Mais je ne connais pas tous ses films. Je n’ai pas vu Compartiment Tueurs par exemple, mais il nous a dit que c’était un réel pari pour le tourner car il y avait plein d’acteurs célèbres, donc ou ça marchait et c’était bien, ou il se plantait et là, c’était fini. Cela lui a permis de faire ses autres films. Aussi, il est toujours resté fidèle à la France, il a toujours refusé de céder aux sirènes d’Hollywood. Comme il a eu l’Oscar pour Z, il a été invité à Hollywood, à s’installer là-bas et il a refusé. Il a toujours imposé de tourner avec des équipes françaises et de faire la post-production en France. Il ne voulait pas que les producteurs lui coupent son film, ou enlèvent un morceau ou des choses comme ça.
Avez-vous des souvenirs de festival marquants ?
Je ne les ai pas tous faits, mais il y a eu un film finlandais qui a été présenté en clôture du festival une année, L’histoire du Géant Timide de Dagur Kári, j’avais bien aimé. Mais le problème du festival, c’est que c’est en semaine. Si je dis à mes deux ministres ou si au secrétariat on dit, « non vous ne pouvez pas joindre le Recteur car il est au cinéma », ça ne va pas le faire ! Vous, vous êtes en classe de cinéma donc vous avez la légitimité, mais moi je ne peux pas venir voir des films tout le temps.
               Propos recueillis par Clémentine, élève de première spécialité cinéma-audiovisuel.